mercredi 24 juin 2015

Quand les mots sont coincés...



Bégaiement ou pas bégaiement ?


Si vous avez déjà entendu quelqu'un bégayer (adulte ou enfant), vous pourriez dire que les mots semblent coincés dans la gorge, qu'ils ne peuvent pas sortir.... Mais après tout, ça nous arrive à tous de buter sur un mot... 

Alors quelle différence entre un "accident de parole" comme n'importe qui peut en rencontrer et le bégaiement  ?

La spécificité du bégaiement c'est la tension pendant la parole, qui donne une impression de "lutte" contre les mots. Les manifestations de cet effort peuvent se traduire par des mouvements de la tête ou des yeux, des grimaces qui déforment la bouche, des crispations (du visage, de la mâchoire, du cou, des mains), des froncements de sourcils...




Du côté de la parole, le bégaiement constitue une succession d'accidents dans le rythme. Il peut prendre diverses formes.

On peut observer en particulier :


  • des répétitions portant sur le premier son ou la première syllabe d'un mot : "je je je je peux pas"

  • des blocages sur certains phonèmes, souvent des consonnes occlusives (p-t-k-b-d-g...) ou les voyelles en début d'énoncé : "p.......pourquoi?"
  • des allongements démesurés des sons : "jjjjjjjjje veux pas !"

  • des inhibitions, pauses dans la parole comme si le mot avait disparu, une attitude figée : "ce matin j'ai..........silence...........regardé un....... silence...........dessin animé à la télé"

  • des mots d'appui (mots de liaison ou petits mots sans lien avec la phrase) : "en fait, hier soir, en fait, j'arrivais pas à dormir, en fait, alors j'ai lu un peu, en fait"

  • un évitement du regard quasi systématique.


La construction bègue.


Au départ, le bégaiement ne concerne que l'émission de la parole, se présentant sous la forme d'un rythme haché et de tensions visibles. Pourtant, pour bégayer, il faut être deux : on ne bégaie que lorsqu'on s'adresse à quelqu'un... Les réactions de la personne qui bégaie et celles de son entourage vont interagir et se combiner pour transformer très vite ce trouble de la parole en trouble de la communication.


Votre enfant, votre proche ne bégaie pas quand il joue seul dans sa chambre ou quand il se parle à lui-même. Il se peut même qu'il bégaie dans certaines situations de communication et pas d'autres. Certains enfants ne bégaient par exemple que à la maison, ou que à l'école. Certains adultes ne bégaie que lorsqu'ils doivent parler au téléphone...
En fait, la fluidité de la parole est directement liée à l'intention de communication verbale. La personne qui bégaie perçoit les signaux verbaux et non-verbaux de son interlocuteur et s'y adapte en les faisant siens.
Tous ces signaux génèrent des émotions diverses comme la colère, la gêne, la honte... qui vont l'amener à construire son identité à partir du regard porté par autrui, souvent vécu comme négatif, et qui conduit directement à une forte dévalorisation de soi.
Cette identité "imaginée", basée sur ce qu'on croit que l'autre pense, est source de grandes souffrances.
Sortir du bégaiement consistera donc à lever cet écran érigé entre soi et ce qu'on croit que les autres pensent de soi pour trouver ou retrouver une identité propre qui ne soit pas dictée par le bégaiement.



Je ne suis pas bègue,
je suis une personne qui bégaie !












 






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