Comme je le disais dans un précédent article, les réflexes primitifs sont les échafaudages qui permettent l'élaboration des étapes du développement neuro-sensoriel et moteur du bébé puis de l'enfant.
Ils apparaissent et se développent durant la vie intra-utérine selon un ordre précis et immuable, c'est-à-dire que pour chaque réflexe on constate les mêmes étapes à savoir : apparition, développement, pleine activité et enfin inhibition.
L'inhibition de chaque réflexe permet à l'enfant d'accéder à des mouvements posturaux volontaires ; elle est également nécessaire à la naissance puis au développement d'autres réflexes primitifs.
Lorsqu'un réflexe ne peut aller jusqu'au bout de son cycle, il n'est pas inhibé, et continue donc de s'activer à chaque stimulation. On parle alors de "rémanence".
Quelles peuvent être les conséquences d'un réflexe primitif rémanent ?
Réflexe de Moro.
Hypersensibilité sensorielle.
Si le réflexe de Moro n'est pas inhibé, le bébé puis l'enfant reste "coincé" dans l'hypersensibilité de ses premiers jours. Chaque stimulus sensoriel peut dès lors être vécu comme une agression exigeant de la part de l'enfant une réaction forte.
Bruits forts ou soudains, lumière vive, vêtements un peu raides ou trop serrés, étiquette qui gratte...favorisent la sécrétion d'une grande quantité d'hormones de stress (adrénaline et cortisol) et peuvent avoir des conséquences sur le comportement de l'enfant.
Hypersensibilité émotionnelle.
L'hypersensibilité sensorielle peut amener l'enfant dont le réflexe de Moro n'est pas inhibé à vivre ses émotions de façon plus intense ; un stimulus qui peut nous paraître anodin peut être pour lui la source d'une très grande colère ou d'un très grand chagrin. Toutes les émotions peuvent ainsi s'exprimer de façon plus intense.
La capacité d'adaptation de cet enfant peut en être affectée, il lui sera difficile de s'adapter à des situations nouvelles ou d'accepter un "changement de programme".
Sens de l'équilibre.
L'enfant hypersensible a également du mal à gérer les sensation de perte d'équilibre, et notamment les mouvements vers l'arrière. Les roulades arrières, la nage sur le dos, "faire la planche" peuvent susciter une angoisse intense.
Concentration.
Le système nerveux des enfants hypersensibles est constamment "aux aguets", il réagit au moindre stimulus. Il est donc plus facilement surchargé par une trop grande quantité d'informations.
Réflexes palmaire et plantaire.
Motricité fine.
Tant que le réflexe palmaire est présent, il est difficile de dissocier les mouvements de chaque doigt pour utiliser la main comme une pince en plaçant notamment le pouce en opposition aux autres doigts.
Tenir la fourchette, un crayon, nouer ses lacets, couper sa viande ou se brosser les dents peuvent alors devenir de véritables défis.
Acquisition de la marche autonome.
De la même manière, la disparition du réflexe plantaire doit permettre au bébé de détendre complètement son pied afin le mettre en contact avec le sol. Si le réflexe reste présent, l'enfant aura tendance à marcher sur la pointe des pied, ou au contraire à recroqueviller ses orteils sous la plante des pieds. C'est notamment ce qui arrive lorsqu'on essaie d'enfiler des chaussure à un enfant trop petit...d'où l'intérêt de laisser le plus possible les bébés pieds nus ou juste en chaussettes !
Réflexe de succion.
Mastication.
La rémanence du réflexe de succion fait perdurer la déglutition de type archaïque, nécessaire à l'allaitement du nouveau-né. Elle empêche le développement des fonctions masticatoires, et l'enfant dont le réflexe de succion reste présent peut être tenté d'avaler sa nourriture sans mâcher, ou avoir mal à la mâchoire quand il mange par exemple.
Langage.
La rémanence de ce réflexe peut également entraver le développement des mouvements musculaires extrêmement précis qui permettent l'articulation.
Tétine/pouce.
Les enfants dont le réflexe de succion persiste au-delà de 4/5 mois après la naissance auront besoin de sucer leur pouce ou une tétine plus longtemps. Il ne s'agit pas là d'un manque de volonté, mais d'un réel besoin de succion qui leur permet d'activer le réflexe sans pouvoir passer à la phase suivante à savoir l'inhibition.
Réflexe Tonique du Labyrinthe.
Equilibre et tonus.
On peut suspecter une rémanence du réflexe tonique du labyrinthe chez un enfant qui semble "mou", dos rond et tête penchée en avant (un peu comme Gaston Lagaffe...) ou au contraire un enfant qui semble "crispé" et tendu en permanence.
En effet, ce réflexe permet d'ajuster les tensions musculaires à l'état de fatigue pour trouver le tonus de base "juste".
Il joue également un rôle dans la gestion de l'équilibre, puisque déjà in-utero il est lié au système vestibulaire (la partie de l'oreille interne responsable de l'équilibre et de la proprioception).
Maladresse.
La rémanence de ce réflexe au-delà de 3 ans peut se manifester par une maladresse importante, des chutes vers l'avant causées parfois par des pieds rentrés vers l'intérieur, une difficulté à dissocier le haut du corps et le bas du corps.
Repérage spatial.
Le déséquilibre du système vestibulaire impacte la stabilité visuelle source de troubles orthoptiques), la perception et la mémoire visuelle ainsi que la perception et la mémoire auditive.
Il peut en résulter des difficultés scolaires, notamment en mathématiques et en lecture.
Réflexe Tonique Asymétrique du Cou.
Tonus.
Lorsque ce réflexe est rémanent, tous les mouvements de la tête entraînent le raidissement des membres de tout le côté du corps. Le tonus de base est donc globalement augmenté, ce qui provoque des mouvements désordonnés et parfois des douleurs chroniques (cou, tête, dos, poignet, épaule...)
Coordination oeil/main et motricité fine.
Les enfants qui présentent une rémanence de ce réflexe ont souvent des difficultés à écrire "dans les lignes", ou bien la raideur dans le bras les oblige à appuyer très fort sur le crayon. Il peut également être difficile d'utiliser un compas, une paire de ciseaux, ou de couper la viande ou lacer les chaussures.
Latéralité.
La rémanence du réflexe tonique asymétrique du cou peut entraîner des tensions qui vont parfois interférer avec le choix de la main, du pied, de l'oeil ou de l'oreille que le système neurologique de l'enfant choisirait d'utiliser en priorité.
On observe alors des troubles de la latéralité qui peuvent se manifester par des confusions visuelles lors de la lecture, des confusions auditives lors de l'écriture, des difficultés à lancer un ballon ou le rattraper, des difficultés d'attention en classe quand l'enseignant parle "du mauvais côté"...
Réflexe Tonique Symétrique du Cou.
Coordination.
Si le réflexe tonique symétrique du cou reste présent, la position de la tête en avant ou en arrière provoque des tension opposées dans le haut et le bas du corps. On peut alors observer une certaine maladresse : difficulté à pédaler en dirigeant le vélo, à déplacer une pile d'assiettes en marchant...
Difficile également à l'école de recopier sur son cahier un texte écrit au tableau, car passer de la vision proche à la vision lointaine est un défi.
Ces enfants peuvent ne pas être à l'aise non plus dans les sports qui leur demandent de coordonner les mouvements de leurs bras et de leurs jambes, comme la natation par exemple.
Instabilité motrice.
Les enfants qui présentent une persistance de ce réflexe auront besoin de changer de position fréquemment, ce qui peut perturber leur attention, sans pour autant être "hyperactifs" !
Ce sont les tensions musculaires activées par le réflexe qui obligent l'enfant changer de position de manière incessante.
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