Dans ces conditions, comment nos enfants pourraient-ils ne pas être attirés par ce qui prend autant de place et de temps dans nos vies...???
Mais est-ce qu'il faut pour autant laisser les écrans en libre accès, allumer la télévision dès le réveil et laisser nos enfants regarder ce qu'ils veulent sur internet ? A partir de quel âge est-il raisonnable de les autoriser à avoir leur propre téléphone ?...
Je suis tombée récemment sur une affiche créée par les éditions "érès" à ce sujet, qui résume les conseils que Serge Tisseron développe dans un livre intitulé "3-6-9-12. Apprivoiser les écrans et grandir".
Je trouve que cette formule résume très bien les différentes étapes de développement psychique des enfants, et permet d'ajuster nos exigences, nos interdits et nos attentes en matière d'autonomie et de responsabilité face aux écrans en particulier.
Pourquoi éviter les écrans avant 3 ans ?
Avant 3 ans, le cerveau des enfants est en pleine effervescence et des millions de connexions synaptiques se créent chaque jour. Le développement du cerveau est dépendant des interactions humaines avec des adultes et avec d'autres enfants, mais dépendant aussi des expériences sensorielles qu'on peut lui proposer ou auxquelles ils va être confronté.
Les enfants qui souffrent "d'hospitalisme" par exemple (c'est-à-dire qui sont contraints de rester alités dans un endroit clos, et dont les stimulations sont limitées) développent moins de compétences langagières, mais se repèrent également moins bien dans l'espace et le temps, et souffrent souvent de troubles logico-mathématiques.
De la même manière, un bébé qui reste dans un transat face à un écran sur lequel lui est présenté un monde en deux dimensions ne fera pas d'expériences sensorielles comme se déplacer, toucher, mettre à la bouche, empiler, faire tomber une tour, sentir la froideur du carrelage ou la douceur du tapis...
Par ailleurs, dans les dessins animés (même ceux prévus pour les tout-petits comme sur cette fameuse chaîne spéciale qui me semble une aberration !!!), les dialogues sont trop rapides, les mouvements de la bouche ne correspondent presque jamais à la parole, la redondance des mots-clés n'est pas suffisante pour être utile à la compréhension... Bref, les enfants, avant 3 ans, ne comprennent pas grand-chose : ils se contentent de subir des informations visuelles...
Enfin, les écrans agissent souvent comme un hypnotiseur : les enfants sont fascinés par ces images qui bougent, et ne peuvent pas s'en détourner spontanément. Il ne peuvent donc pas "choisir" de se tourner vers des activités de manipulation ou vers une interaction avec le parent ou un autre enfant.
De 3 à 6 ans.
L'enfant continue de découvrir ses compétences sensorielles, il affine sa motricité fine, le langage s'installe dans toute sa subtilité. C'est à cet âge que les enfants commencent à faire des expériences qui vont leur permettre de faire des déductions logiques, les histoires qu'on leur raconte leur permettent de structurer de façon plus précise leur rapport à l'espace et au temps, et les jeux libres leur permettent de revivre à l'infini les interactions humaines afin de s'approprier la relation de cause à effet.
Devant un écran, les enfants ne sont que spectateurs... Ils ne sont pas acteurs de leurs expériences.
Par ailleurs, chaque enfant a sa sensibilité propre et certains dessins animés sont plus difficiles à comprendre, ou certaines scènes peuvent être effrayantes voire anxiogènes (même si en tant qu'adulte on n'y voit rien de mal...).
Il est important d'accompagner les enfants dans la découverte des écrans (télévision, dvd ou jeux de console). Regarder les films avec eux permet de dédramatiser certaines scènes, ou de verbaliser ce qui n'a pas été compris par exemple. Jouer avec eux permet d'aborder la notion d'échec, et de mettre en lien le réel et le virtuel : "tiens, ce personnage ressemble à un lapin" ou "dis-donc, sauter aussi haut, ça doit être difficile dans la vraie vie...!"
De 6 à 9 ans.
L'enfant découvre les règles, les interdits, ses interactions ne se limitent plus aux personnes de son entourage.
A cet âge, le langage est installé, ce qui permet à l'enfant d'avoir accès à une pensée abstraite. Ceci signifie qu'il comprend mieux la frontière entre le réel et le virtuel et qu'il devient capable de relativiser certaines situations.
Pourtant, l'apprentissage n'est pas terminé, et les enfants ne devraient pas regarder seul un film qu'il n'ont pas encore vus par exemple.
De 9 à 12 ans.
L'abstraction de la pensée permet à l'enfant de commencer à comprendre le monde dans toute sa complexité.
A cet âge, on peut commencer à échanger avec eux sur les dérives et les dangers éventuels d'internet, la notion de dépendance, l'importance de préserver le repos et la santé psychique, la violence vue ou évoquée... C'est dans la discussion et le partage que l'enfant pourra comprendre que les écrans divers doivent absolument rester des outils au service de l'humanité (et non l'inverse...)
Enfin, n'oublions pas que quel que soit l'âge, nos enfant prennent exemple sur nous... Ils ne font pas le tri entre nos comportements positifs ou négatifs : si j'aime lire, il y a de fortes chances pour que mes enfants aiment lire. Il en est de même pour leur relation à la nourriture ou aux écrans... Si nous mangeons en regardant notre téléphone, inutile d'exiger d'eux qu'ils n'en fassent pas de même...
"L'exemple n'est pas un des moyens d'éduquer, c'est le seul"... Ghandi
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Un avis, des questions, des commentaires ? N'hésitez pas à m'écrire ici, je ferai mon possible pour vous répondre !