vendredi 3 juin 2016

Préparer un enfant à une prise de sang.

Récemment, mon dernier enfant a dû subir une prise de sang...la deuxième déjà, du haut de ses 3 ans... Il a été merveilleux ! A la fois détendu et très attentif à ce qu'il se passait... Un vrai petit chef !
Les quelques personnes qui étaient là ont été épatées, et m'ont demandé du coup quel était mon "secret"... Il n'y a pas de secret évidemment, ni de recette miracle...et encore moins de baguette magique ! Mais vous vous doutez qu'on l'a quand même préparée cette prise de sang : je ne lui ai pas dit un matin au saut du lit "on va faire une prise de sang !" sans en avoir jamais parlé... !
On avait la chance d'avoir quelques jours devant nous, de ne pas être dans l'urgence. Alors si mes quelques "trucs" ont permis à mon petitou, d'un tempérament plutôt inquiet, de vivre la situation sereinement...peut-être que ça pourra aider l'un ou l'une d'entre vous...


Quels sont mes "trucs" ?

Déjà, je pense qu'il ne faut pas "sataniser" (ça existe ??? Peut-être pas, mais ça correspond à ce que je veux dire...) les prises de sang. A chaque fois qu'un de mes enfants ou moi-même a dû faire une prise de sang il était là, et il a regardé, observé, posé des questions... Il a vu dans mon attitude que je n'avais pas mal, il a vu dans celle de ses frères et soeurs un peu plus d'appréhension ou d'inquiétude mais pas de douleur. 
C'est d'ailleurs en partie pour cette raison que je n'utilise pas de patch anesthésiant. Dans une prise de sang, la sensation douloureuse n'est présente qu'un instant : au moment où l'aiguille pénètre dans la peau. C'est très fugace... Demander une anesthésie revient à laisser croire que la douleur est intense et dure dans le temps.
La deuxième raison pour laquelle je n'utilise pas de patch c'est que l'anesthésiant crée une légère vasoconstriction qui, sur des veines toutes fines d'enfant, va empêcher le sang d'être aspiré dans la seringue. Il faudra alors tirer fort sur la pompe pour que le sang puisse sortir, et ce geste-là par contre est très douloureux et traumatisant, même avec une anesthésie locale.

Ensuite, nous avons beaucoup parlé, expliqué pourquoi on prend du sang et en quelle quantité. En effet, les enfants ne se représentent pas à quoi correspond le volume de sang qu'on prélève, ils s'imaginent parfois que si on leur prend du sang ils vont mourir... 
Si vous ne savez pas quels mots utiliser, rappelez-vous que plus c'est simple plus on a de chances de se faire comprendre. 
Vous pouvez dire par exemple : "pour pouvoir te soigner le docteur a besoin de savoir si dans ton sang il y a quelque chose qui fait que tu es malade/fatigué(e)... Pour ça, on va aller dans un endroit spécial qui s'appelle un laboratoire, et quelqu'un va prendre un tout tout tout petit peu de ton sang, pas plus que quand tu es tombé l'autre jour et que tu as saigné. Après, avec une machine spéciale il va regarder ton sang pour voir ce qui te rend malade/fatigué(e)..."

Ensuite on a joué que j'étais celui ou celle qui va prélever son sang, pour qu'il puisse connaître et vivre les différentes étapes sans aucun stress. En effet, si une situation est vécue dans un état de détente émotionnelle ou même dans un contexte de jeu, le cerveau sécrète des endorphines (hormones du plaisir). Lorsque la même situation sera vécue "en vrai" le cerveau se rappellera que tout va bien et qu'il n'a pas besoin d'inonder le corps de cortisol (hormone du stress).
Donc, nous voilà confortablement installés dans le canapé, et nous jouons... Je le fais asseoir sur les genoux de sa grande soeur (parce qu'il sera sur mes genoux), puis je lui explique que je lui mets un "garrot" (je fais semblant avec mes mains de serrer un peu autour de son bras et je lui dis que ça va peut-être serrer un peu plus fort, que ce n'est pas très agréable mais qu'il ne risque rien. Ensuite je fais semblant de désinfecter, de tapoter les veines, de re-désinfecter... Je demande à sa grande soeur de lui tenir le bras tendu. Puis je fais semblant de "piquer". Je lui montre que ça piquera un peu comme mon ongle, peut-être un peu plus fort... Enfin, j'enlève le faux garrot, puis je retire la fausse seringue en appuyant fort avec une fausse compresse, et pour finir je mets un faux pansement. Je pense qu'il est très important de n'oublier aucune étape, pour que votre enfant ne soit pas surpris ; c'est souvent la surprise qui fait céder à la panique...
On a fait cela un grand nombre de fois, on a inversé les rôles, il a fait des prises de sang à toute la famille....
Une fois qu'il l'avait suffisamment "vécu", on a joué aux playmobils aussi et aux poupées...

Parallèlement, j'ai fait une série de petits dessins pour lui rappeler les différentes étapes. Il a beaucoup aimé "lire son histoire", et il la relit encore parfois comme pour "digérer" ce qu'il a vécu.

Le jour J, assurez-vous que votre enfant n'est pas trop fatigué et que rien d'autre ne le tracasse, s'il n'a pas besoin d'être à jeûn, assurez-vous qu'il n'a pas faim...
Vous pouvez emmener un petit jouet ou un truc à grignoter, ou un livre... quelque chose qui pourra l'occuper s'il en ressent le besoin...

Enfin, je pense qu'il est primordial de permettre à votre enfant de dire ce qu'il ressent... Car malgré tout ce que vous aurez fait ou dit, il est probable qu'il se sente inquiet. Accepter ce sentiment le rassurera beaucoup plus que de vous voir nier sa peur. En effet, il a peur, tout son corps lui dit... Si vous lui dites "mais non, tu n'as pas peur" ou "tu n'as vraiment aucune raison d'avoir peur", il pensera qu'il ne peut pas faire confiance à son corps, qu'il ne doit pas se faire confiance...

"J'ai peur !" - "oui, je comprends que tu aies peur. C'est normal d'être inquiet, même si tu sais comment ça va se passer."
"J'ai peur d'avoir mal..." - "Je comprends que tu sois inquiet. Tu ne veux pas avoir mal, et tu n'a encore jamais fait de prise de sang. Tu te rappelles, je t'ai expliqué que ça pique un peu, mais vraiment pas longtemps."
"Je ne veux pas y aller !" - "Tu n'as pas envie d'y aller, peut-être parce que tu te sens inquiet à l'idée de savoir comment ça va se passer. Est-ce que tu aimerais qu'on joue encore une fois à faire une prise de sang ?"

Bien évidemment, ces "trucs" doivent être adaptés à chaque situation, à chaque enfant. Il s'agit d'une ligne directrice, mais il s'agit avant tout d'écouter le vécu et le ressenti de chaque enfant.

 

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