vendredi 27 mai 2016

Plagiocéphalie ou syndrome de la "tête plate".

Le syndrome de la "tête plate", c'est quoi ?

Quand on observe des têtes de bébés, on peut constater que la plupart du temps elles ont une jolie forme arrondie. Pourtant, chez certains bébés on peut voir qu'une partie de la tête semble aplatie. On parle couramment de "syndrome de la tête plate", mais il existe en fait plusieurs types de déformation. 
La plagiocéphalie positionnelle est une déformation crânienne apparaissant pendant la grossesse ou les premières semaines de vie, et qui se caractérise par un aplatissement asymétrique de la partie postérieure du crâne (un côté est aplati et l'autre non). 
La brachycéphalie positionnelle se caractérise, elle, par un aplatissement de tout l'arrière du crâne, de manière symétrique.


Pourquoi ?

Les causes sont encore méconnues, mais il existe tout de même plusieurs pistes d'origine essentiellement mécaniques.
  • In utéro, la position du foetus ou une anomalie utérine peuvent amorcer une déformation crânienne.
  • La durée de l'accouchement, la présentation du bébé, l'utilisation d'instruments (forceps, ventouses...), le fait d'appuyer sur le ventre de la maman pour faire progresser le bébé, le cordon ombilical autour du cou...peuvent créer des pressions asymétriques sur le crâne encore extrêmement malléable du bébé et initier une éventuelle déformation crânienne.
  • Un torticoli congénital, un faible tonus musculaire, un allaitement au biberon (si le biberon est donné toujours du même côté) peuvent favoriser une malposition de la tête qui, reposant toujours de la même manière, va se déformer progressivement.
  • Un couchage prolongé sur le dos, ainsi que de longs moments passés dans un transat/coque/siège auto/pouf imposent une pression toujours identique sur une partie du crâne et semblent favoriser également une déformation crânienne.
  • Enfin, un manque de vitamine D pendant la grossesse pourrait également jouer un rôle encore incertain.
Conséquences. 

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, et à ce qu'affirment encore certains professionnels de santé, les conséquences d'une telle déformation ne sont pas seulement esthétiques...




Comme vous pouvez le voir sur les dessins ci-dessus, laformation esthétiquement visible est la conséquence concrète d'un défaut de placement et donc de développement des os du crâne. Ce développement dysharmonieux peut faire pression sur le cerveau et ainsi avoir des répercussions d'ordre mécanique et/ou neurologique.
On peut constater par exemple des déformations généralisées au visage entier, avec une oreille plus haute que l'autre ou un oeil plus petit ; les mâchoires peuvent également se décaler de façon importante, causant diverses formes de malocclusion dentaire.
La déformation asymétrique de la base du crâne peut entraîner une scoliose.
On constate par ailleurs une plus faible réaction aux stimuli sonores et une sensibilité plus importante aux otites. 
On observe aussi des troubles visuels : strabisme, nystagmus, problème de fixation oculaire...
Enfin, des études ont établi que les déformations positionnelles du crâne peuvent être la cause de troubles neuro-moteurs, et notamment de retard psychomoteur ou langagier parfois importants.

Prévenir et traiter les déformations positionnelles du crâne.

Il est nécessaire pour prévenir les déformations crâniennes positionnelles d'être vigilant au positionnement de bébé. En effet, au début de sa vie, bébé dort beaucoup ; les recommandations de l'OMS étant de le faire dormir exclusivement sur le dos, on peut supposer qu'il passe beaucoup de temps dans cette position, dont il ne peut pas encore se défaire seul. C'est donc dès la naissance qu'il faut être attentif à d'éventuels blocages et proposer des variations de position pendant les temps d'éveil.


Ce qu'il ne faut pas faire.

Que votre bébé présente une déformation crânienne positionnelle ou non, il faudrait toujours éviter un contact prolongé de sa tête sur une surface dure (lit, parc...), ou dans une position qui projette (transat, coque, chaise haute inclinable, cocon...) ou maintienne (cale-tête...) sa tête en avant dans l'axe. En effet, bébé n'ayant pas le tonus suffisant pour "tenir sa tête", il sera alors forcé de la laisser tomber de côté...

Ce qu'il faut faire.

  • Ostéopathie.
Afin de limiter les conséquences des traumatismes (même minimes) de l'accouchement, vous pouvez consulter un ostéopathe. Une séance avec un bébé se fait toujours en douceur, et les pressions très légères et extrêmement précises sur le crâne de bébé vont permettre aux structures osseuses de retrouver leur mobilité, leur symétrie et leur harmonie.

  • Sommeil.
Il est recommandé de faire dormir les bébés sur le dos plutôt que sur le ventre ; mais vous pouvez varier les positions de sommeil en le gardant parfois dans vos bras, ou en utilisant un système de portage physiologique. En plus de ne pas faire pression sur le crâne de bébé, rappelons que le portage offre de nombreux avantages (pour bébé, comme pour la personne qui le porte !)
Attention toutefois que la tête de bébé ne soit pas toujours tournée du même côté. Au besoin, incitez-le à tourner la tête...
Attention également au système que vous utilisez ; en effet, il est primordial de respecter une position physiologique, c'est-à-dire que bébé doit reposer sur les fesses et sur les cuisses (les genoux plus haut que les hanches). C'est à cette seule condition que sa colonne vertébrale sera alignée et enroulée, ce qui lui permettra de ne pas avoir à résister à la gravité.

En ce qui concerne les cale-tête ou les cale-bébés, vous trouverez ici des informations illustrées et très détaillées. L'ensemble des articles concernant les déformations crâniennes positionnelles est extrêmement précis et documenté.

  • Repas.
Que vous allaitiez ou non, prenez bébé dans vos bras pour le nourrir : pas de biberon dans le transat, dans la coque, ou pire encore calé entre deux coussins dans son lit...!!! Dans vos bras, la tête de bébé n'a pas à supporter de flexion exagérée et la zone de pression n'est pas la même que dans son lit.
Veillez également à alterner la position, c'est-à-dire à changer bébé de côté systématiquement même (on pourrait presque dire surtout) s'il manifeste une préférence pour un côté en particulier...

  • Eveil. 
Là encore, le maître mot pour prévenir les déformations crâniennes positionnelles est l'alternance : portage à bras, ventre à ventre, ventre de bébé sur vos genoux... Au début les temps d'éveil sont peu nombreux, et il faut donc être particulièrement attentif aux positions dans lesquelles nous plaçons bébé.
Faire le choix d'installer bébé sur un matelas au sol pendant ses temps d'éveil plutôt que dans un transat lui permettra de chercher à se mouvoir, l'incitera à se tourner sur le côté puis revenir sur le dos, et rouler à nouveau de l'autre côté... Ainsi, il sera rapidement actif dans l'alternance des positions et développera harmonieusement un tonus équilibré. 
La motricité libre est en effet un choix qui incite les bébés et les bambins à davantage d'autonomie dans leur mouvements et qui leur permet de ne pas rester passivement dans une position où la zone de contact entre la tête et son support serait toujours identique.

Si une déformation est déjà présente, il est primordial de proposer rapidement des temps d'éveil sur le ventre. Au début, ce temps est très très court...le temps de boutonner l'arrière du pyjama par exemple...puis on rajoute des papouilles, des bisous, pourquoi pas un petit massage. Dès la naissance, les indiennes massent leur bébé en l'installant à plat ventre sur leurs jambes allongées...tous les jours !
A titre indicatif, vers 2 mois le temps d'éveil passé sur le ventre pourrait être d'environ 30 minutes par jour. Entre 2 et 4 mois, il se situe entre 45 minutes et 1h30 par jour. Là encore, plus votre bébé va être incité à se retourner des deux côtés (motricité libre, massages, jeux et comptines...), puis à rouler sur le ventre, plus ce temps va s'allonger.

Dans les cas où les techniques de repositionnement et l'ostéopathie ne parviennent pas à remodeler le crâne, il convient de vérifier que le bébé ne présente pas de craniosténose, c'est-à-dire de fermeture prématurée des sutures crâniennes (la fontanelle entre autres).
Si ce n'est pas le cas il est parfois possible d'envisager un traitement de remodelage par "orthèse crânienne". Il s'agit d'une sorte de casque destiné d'une part à empêcher les mauvais appuis crâniens, et d'autre part à inciter le crâne à reprendre une forme "normale".
Mais ce traitement n'est pas ou peu remboursé en France, parce que la pathologie est méconnue, et que beaucoup de professionnels pensent encore à tort que la déformation de la boîte crânienne n'a que des répercussions esthétiques. 

Alors comme "il vaut mieux prévenir que guérir", parlez-en autour de vous, informez les jeunes parents...et au besoin allez faire un tour sur le site de l'association "Plagiocéphalie infos et soutien" qui comporte notamment une page concernant les demandes de remboursement possible en cas de demande de traitement par orthèse.



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