lundi 5 septembre 2016

Bienveillance ou laxisme ?

Dans la vie de tous les jours, on m'a souvent dit que j'étais laxiste, que je me laissais mener par le bout du nez... Quand mon aîné avait 18 mois/2 ans, ça me perturbait beaucoup : je ne voulais pas être un parent laxiste, la maman d'un de ces "enfants-roi" à qui tout est permis... Mais je ne voulais pas non plus basculer dans ce que je considérais déjà comme de la Violence Educative Ordinaire. 

Alors, comment rester moi-même sans être laxiste ? Comment m'épanouir dans ma relation avec mes enfants et rester moi-même, comment les aider à grandir sans violence, comment leur offrir la liberté dont ils ont besoin pour avancer dans la vie sans être "laxiste" ?...


Le laxisme c'est quoi ?

Il s'agit d'une attitude éducative qui tend à limiter les interdits de façon excessive, et à répondre rapidement à tous les désirs des enfants. Cette attitude empêche l'enfant de faire face à toute forme de frustration et elle affaiblit donc les compétences de l'enfant pour surmonter des situations de frustration. 

Il s'avère que cette tolérance excessive est souvent guidée par la peur
  • Le parent peut avoir peur par anticipation de la réaction excessive de l'enfant (colère, cris, coups...), puis comme l'enfant n'est pas confronté à la frustration, il perd progressivement sa capacité à la surmonter et le parent va donc être tenté de supprimer toute source éventuelle de frustration...
  • Le parent peut également avoir peur des émotions et des sentiments que la frustration font naître chez l'enfant, peur de perdre son affection...
Par exemple, un bambin veut manger un biscuit à 11h30 alors que le repas est presque prêt, il veut continuer de regarder la télévision alors qu'il était convenu qu'il devait éteindre à la fin de cette émission, il veut lâcher la main de sa maman pour traverser le parking... Si un adulte l'autorise à agir selon ses désirs, parce qu'il a peur de sa colère ou du regard des autres... on peut dire qu'il agit de manière laxiste.

La bienveillance c'est quoi ?

Il s'agit d'une disposition affective et/ou éducative qui consiste à "porter sur autrui un regard aimant, compréhensif et sans jugement, en souhaitant qu'il se sente bien, et en y veillant" (Catherine Gueguen)
Cette attitude passe par le fait de chercher à reconnaître, nommer, et répondre aux besoins de l'enfant.

Les besoins fondamentaux des enfants peuvent être classés en 3 catégories.
  • les besoins physiologiques :  faim, soif, froid, chaud, besoin de contact physique...
  • les besoins psychologiques : stabilité émotionnelle, sécurité, jeux, repères...
  • les besoins psychomoteurs : être enveloppés, porté, mais aussi être liberté de mouvements, expérimenter...
Si je reprends les 3 exemples précédents et que j'essaie de les regarder à travers le filtre de la bienveillance...voyons ce que ça donne...

- Mon bébé veut manger un biscuit à 11h30, le repas est presque prêt. Exprime-t-il un désir ou un besoin ? Autrement dit, a-t-il envie de manger un biscuit, ou a-t-il besoin de manger quelque chose ?
S'il a envie de manger un biscuit, je vais lui expliquer que je ne suis pas d'accord et pourquoi... il se peut qu'il se sente en colère, et c'est bien légitime puisque je le mets face à une frustration... 
Si au contraire il a besoin de manger quelque chose, je peux lui proposer à la place de manger un fruit, un légume cru, quelques fruits secs... afin de l'aider à patienter. Par ailleurs, si la situation se reproduit, je peux supposer qu'il a besoin de manger plus régulièrement, et réfléchir à avancer l'heure des repas, ou lui proposer une collation en milieu de matinée...

- Mon enfant veut continuer à regarder la télévision, alors que nous avions convenu d'éteindre à la fin de son émission favorite. A-t-il simplement envie de regarder encore la télévision, ou exprime-t-il un besoin de calme, de détente, de repos... ? 
S'il a juste envie de rester devant la télévision et que nous avions convenu ensemble du contraire, c'est non... Mais je peux entendre sa frustration et lui exprimer que je comprends qu'il se sente déçu de devoir éteindre.
S'il a besoin d'un temps calme, je peux soit accepter de le laisser regarder encore un temps défini à l'avance (si j'estime que ce temps n'est pas excessif), soit lui proposer une autre manière de se détendre : un câlin, une promenade, une histoire, écouter de la musique....

-  Mon bambin veut traverser le parking sans me tenir la main, alors qu'il sait que c'est une règle de sécurité... A-t-il envie de courir, de lâcher ma main ? Ou a-t-il besoin de me montrer qu'il grandit, qu'il est capable de marcher à mes côtés ?
S'il a juste envie de lâcher ma main, parce que parfois à son âge on peut être tenté de transgresser une règle, c'est non. Mais je peux lui proposer de tenir ma main ou le caddie : ainsi, il a le choix et ne se sent pas enfermé dans son refus.
Si son comportement répond à un besoin d'autonomie, en fonction de son âge et de ce que je pense être raisonnable, je peux lui proposer de tenir la main de son grand frère, ou de marcher calmement à mes côtés... en lui rappelant pourquoi il ne doit pas courir sur le parking, pourquoi il doit rester à côté de moi (étant donné sa taille, les conducteurs des voitures ne le voient pas, mais elles me voient, moi)...

Le laxisme est donc très différent de la bienveillance, même si les apparences sont parfois trompeuses et que la limite peut sembler bien mince.... 
En effet, je me rends compte que si j'accepte par exemple que mon enfant continue de regarder la télévision, un spectateur extérieur ne voit pas nécessairement que j'agis en conscience et afin de répondre à ses besoins, et non par tolérance excessive ou parce que je veux "éviter une crise"... 
Voilà pourquoi certaines personnes pensent que la bienveillance est en fait du laxisme "déguisé" !!!

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